Nouveaux mécanismes financiers, prépondérance du secteur privé, techno-sciences… un sommet des fausses solutions ?

Financements, agriculture, énergie, forêts, objectifs du Sommet : nos critiques, nos propositions une note d’analyse d’Attac France
mercredi 17 septembre 2014, par Attac France

Introduction

Le 23 septembre 2014, le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies Ban Ki-moon organise un Sommet sur le climat [1] « pour donner un nouvel élan à la lutte contre les changements climatiques ». « Il est grand temps d’agir » tonne-t-il dans une récente tribune [2]. Pour ce faire, Ban Ki-moon a demandé aux « dirigeants mondiaux », c’est-à-dire à des chefs d’État, des dirigeants de multinationales et d’institutions financières, et quelques représentants de la société civile triés sur le volet, d’annoncer à New York « des mesures audacieuses visant à réduire les émissions, à renforcer la résistance aux changements climatiques et à mobiliser les volontés politiques en vue de parvenir à un accord juridique significatif en 2015 ». Il est urgent d’agir, comme l’atteste la nouvelle et récente publication [3] de l’Organisation météorologique mondiale rendant compte des concentrations records de gaz à effet de serre dans l’atmosphère en 2013. La séquence 2014-2015 est en outre cruciale pour rester en deçà des 2 °C de réchauffement climatique global. Encore faut-il savoir dans quelle direction agir. Passer à l’action, oui. Promouvoir des fausses solutions, non. Ce d’autant plus que des pistes alternatives au business as usual existent et devraient faire l’objet du soutien politique et financier des institutions internationales et des gouvernements.

Ce Sommet est organisé en grande pompe, mais rien n’indique qu’il apporte du positif dans la perspective d’un accord mondial contraignant, juste et à la hauteur des enjeux. Les engagements chiffrés de réduction d’émissions de gaz à effets de serre des principaux pollueurs de la planète ne seront pas rendus publics et consignés avant le printemps 2015. Les fonds publics et additionnels visant à lutter contre le réchauffement climatique, à financer l’adaptation ou à faire face aux conséquences des phénomènes climatiques exceptionnels, ne sont toujours pas sur la table. Par contre, toute une série d’actions et de programmes s’appuyant sur des partenariats public-privé, des mécanismes de marché et des dispositifs de finance carbone, vont être promus dans chacune des huit aires d’action [4] prédéfinies pour ce sommet de l’ONU. La « dynamique propice à un aboutissement heureux des négociations » [5] dont parle Ban Ki-moon rendra surtout heureuses... les multinationales.

Ainsi, la feuille de route du sommet sur le secteur des financements donne la priorité à la finance internationale pour financer la lutte contre le dérèglement climatique. Du côté de l’agriculture, il est prévu de lancer une nouvelle Alliance mondiale pour une agriculture intelligente face au climat, que le gouvernement français envisage de rejoindre. Le Sommet fera la promotion de la très discutable initiative « Energie renouvelable pour tous » (p.10), et cherchera à étendre les très controversés programmes REDD+ en matière de lutte contre la déforestation. D’une manière générale, Ban Ki-moon propose ainsi de renforcer la prééminence du rôle donné aux multinationales, aux investissements privés et aux mécanismes de marché, dans la lutte contre les dérèglements climatiques. Ces propositions illustrent la main-mise du secteur privé sur l’ONU et sur les négociations climatiques au sein desquelles on observe une tendance dangereuse positionnant ouvertement les entreprises au coeur du processus de prise de décision et de financement : de plus en plus de décisions, largement orientées par les intérêts du secteur privé, leur sont favorables, au détriment de la mise en œuvre de mesures qui soient à la hauteur des enjeux [6]

De notre côté, nous appelons à la mobilisation des énergies citoyennes pour reprendre le contrôle sur nos vies, sur nos économies, sur nos sociétés, et amorcer un profond changement de système. Comme l’exprime la déclaration rendue publique ce mardi 16 septembre et signée par plus de 330 organisations, nous avons besoin d’un « système qui vise l’harmonie entre les humains et la nature, et non le maintien d’un modèle de croissance sans fin », « un nouveau système qui réponde aux besoins de la majorité et non de quelques-uns » [7]. Les pistes alternatives existent et fleurissent partout où des gens se mobilisent et utilisent leurs marges de manœuvre pour inventer des modes de vie, des pratiques et des biens et services soutenables qui satisfont les besoins, réduisent l’empreinte carbone et construisent la résilience des populations face aux dérèglements climatiques.

« Assez de discours, des actes » avions-nous dit au gouvernement français dans une lettre ouverte [8] en mars 2014 restée sans réponse. A moins de 15 mois de la conférence de l’ONU sur le climat que la France va accueillir fin 2015 au Bourget, les gouvernements se succèdent, mais l’inertie et les insuffisances des politiques climatiques françaises (et européennes) persistent. La proposition de loi sur la transition énergétique est « un projet sans boussole et sans financement » [9]. François Hollande et le gouvernement français sont en train de cautionner une véritable contre-révolution énergétique [10] en Europe, tout en encourageant des accords de libre-échange et d’investissement avec le Canada et les États-Unis qui saborderont toute réelle politique de transition énergétique et de lutte contre les dérèglements climatiques. C’est inacceptable et inadmissible. Avec nos partenaires, notamment avec la dynamique Alternatiba, nous montrons la vitalité des initiatives citoyennes, qui appellent une autre politique en matière de climat. Une politique qui s’appuie sur les alternatives citoyennes et les exigences populaires pour une transition soutenable sur le plan écologique, juste socialement et mise en œuvre démocratiquement.

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